Définition de SENS DESSUS DESSOUS

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DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : san-de-su-de-sou et san-de-van-dè-riè-r'

DÉFINITIONS

1
Sens dessus dessous, dans une situation telle que ce qui devrait être dessus se trouve dessous. Cette boîte est sens dessus dessous.
Nos bombes tombaient à tous moments sur ces demi-lunes, et semblaient les renverser sens dessus dessous
de Jean RACINE dans Lett. XVIII à Boil.
Sémantique : Fig. et particulièrement. En parlant de ce qui est dans un grand désordre et tout bouleversé.
Je crois qu'à mon avis tout le monde radote, Qu'il a la tête vide et sens dessus dessous
Vous devriez.... Ne point aller chercher ce qu'on fait dans la lune, Et vous mêler un peu de ce qu'on fait chez vous, Où nous voyons aller tout sens dessus dessous
Cette religieuse qui met tout son diocèse sens dessus dessous
Je logerai à Époisse, parce que Bourbilly est sens dessus dessous
Mettre quelqu'un sens dessus dessous, lui causer un trouble violent, une vive émotion.
Cet enfant m'avait mis tout sens dessus dessous
de Thomas CORNEILLE dans le Geôlier de soi-même, V, 7
2
Sens devant derrière, Nature : loc. adv. Dans une situation telle que ce qui devrait être devant se trouve derrière. Sa perruque est sens devant derrière.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Si vuelent estre pledeeur, Et pensent baras et cauteles, Dont il bestornent les querelles, Et metent ce devant dernere
de RUTEBEUF dans 222
Et bien est voir [vrai] qu'il souloit estre En tel maniere ; Mais tout va ce devant derriere, Un dit de verité. Et ainsi seroit li plais ce devant derriere
de Philippe de BEAUMANOIR dans II, 3
Leur gloutonie nous fist tel domage que nous en fumes delaié [retardé] huit bones journées, pour ce que le roi fist tourner les nefs ce devant derriere
2
XIVe s.
Li jeus est retournés che que derier devant
dans Baud. de Seb. V, 260
Retournez la lamproie ce dessus dessoubz ou [au] pot
dans Ménagier, I, 5
3
XVe s.
On lui tourna [au duc de Lancastre] ses armes ce dessus dessous, comme si il fust traistre
Renverser s'en dessus dessoubz, Est-ce bien fait, je vous en prie ?
de Charles D'ORLÉANS dans Rondeau, p. 296
Princes, vous qui tenez les grans estats Sans regarder la façon et maniere, Vous courroucez tant de gens en ung tas, Que tout pour vous va cen devant derriere
de COQUILLART dans Ball. contre les princes.
Renversez cen dessus dessous La terre...
de GRINGOIRE dans Farce à la suite du jeu du Prince des sots.
4
XVIe s.
Ce petit paillard tastonnoyt ses gouvernantes cen dessus dessous, cen devant darriere
Craignant que s'il attentoit de remuer et tourner sans dessus dessoubz tout le gouvernement de la ville....
de Jacques AMYOT dans Sol. 23
Un tremblement de terre si violent que quelques villes en furent renversées sans dessus dessoubs
de Jacques AMYOT dans Fab. 6
Bien que voulusse alors dessus dessous Verser les murs de Troye parjurée
Cela estoit pour renverser entierement nostre chasteau s'en dessus dessous
de Ambroise PARÉ dans t. III, p. 711
Plusieurs fois le jour l'on tourne et vire s'en dessus dessous la fueille de meurier
de Olivier DE SERRES dans 468
Ceste mayson est transposée cen dessus dessoubz
de PALSGR. dans p. 421
Fortune lui a versé sa chance cen dessus dessoubz
de PALSGR. dans p. 540
Et ayant presque renversé s'en dessus dessous
de STRAPAROLE dans 6e nuit, Fabl. 1

ÉTYMOLOGIE

1
Vaugelas écrivait sans dessus dessous, sans devant derrière, comme qui dirait sans dessus ni dessous ; Mme de Sévigné suivait cette orthographe, qui avait des précédents dans le XVIe siècle. Chapelain et Ménage écrivaient sens dessus dessous, conformément à l'avis de Pasquier, et cette orthographe a prévalu ; sens est supposé avoir ici la signification de direction, de côté, comme qui dirait : le sens qui devait être dessus est dessous. Mais on comprend tout d'abord combien une pareille locution serait forcée ; au reste, toutes ces hypothèses tombent devant l'historique ; la locution est simple et correcte : c'est ce dessus dessous c'est-à-dire ce qui est dessus mis dessous. Au XVe siècle, on a dit c'en dessus dessous : ce qui est en dessus mis en dessous. Enfin, au XVIe siècle, l'intelligence de la locution se perdant, on ne sait plus l'écrire ; la prononciation se conserve par la tradition et reste la même ; mais l'orthographe se corrompt. La vraie locution est donc c'en devant derrière, c'en dessus dessous ; ce qui a exactement le même son que sens dessus dessous. H. Estienne avait bien vu ce que c'était que cette locution. Il appartiendrait à l'Académie, que les imprimeries suivent, de rectifier une aussi vicieuse orthographe, d'autant plus qu'il n'y a rien à changer à la prononciation.